Sarko Facho ?

 D ans mon jeune temps, qu'en j'avais seize ans et moins, le pauvre gars qui avait le malheur de faire une proposition qui sortait des diverses orthodoxies d'extrême-gauche (cocos, trotskos, maos, anars) avait toute chance de se faire traiter, au moins de «réac», souvent de «facho»; le temps passa, et quelques vingt ans après, suite à la déliquescence des partis d'extrême-gauche et à un lissement des discours, on arriva au point qu'il devint difficile de traiter même Le Pen de facho. C'était il y a une dizaine d'années. Depuis, on en revint un peu, et notamment depuis un certain 21 avril 2002, il fut de nouveau possible d'imputer le qualificatif de «fasciste» à l'encontre du FN; par contre, les partis de de Villiers et Pasqua non, là non, ce n'est pas possible. Et presque impossible de les réputer «partis d'extrême-[1]droite». Autant que je puisse le déterminer, l'emploi du terme était excessif vers 1975, depuis 1995 il est insuffisant. Par exemple, si je disais en public à Nicolas Sarkozy, là comme ça, lui et moi en vis-à-vis, M. Sarkozy, vous avez une politique et un discours de type fasciste, il pousserait les hauts-cris et, s'il y avait d'autres participants, probablement tous se rangeraient de son côté et du moins personne ne se rangerait du mien. Et pourtant…


Pourtant, il semble que M. Sarkozy a effectivement un fort tropisme vers les idées constitutives de ce courant que l'on a pris l'habitude de nommer fascisme (ou fachisme) suite à la grande réussite d'un de ses éléments, le parti italien qui lui prêta puis lui donna son nom, courant dont les idéologies de base furent développées à la fin du XIX° siècle et formalisées au début du XX°. Ces idéologies ne sont pas semblables mais ont des traits communs: nationalisme exacerbé; haine de «l'étranger» et du «dissident» (c.-à-d., du partisan d'une idéologie concurrente); culte de la force et culte du chef; «amour de l'ordre» (je cite ce trait entre guillemets car il ne s'agit pas proprement d'amour de l'ordre mais plutôt d'amour du contrôle systématique des personnes, ce qui ne crée pas toujours de l'ordre…); défense de l'ordre social en vigueur, ce qui équivaut à: promotion des promus et exclusion des exclus; libéralisme économique et dirigisme par ailleurs; etc. Il y a aussi des pratiques communes, comme la recherche de soutiens dans les institutions sociales les plus conservatrices (armée, police, Églises, corporations, «pouvoirs d'argent») et si impossible, leur «mise au pas idéologique» (remplacement des membres réticents de ces institutions par des partisans du groupe fascisce), la concentration des pouvoirs en faveur de l'exécutif, la militarisation de la société, en tout premier de ses plus jeunes membres dans des «organisations de jeunesse» sous controle du parti fasciste, etc.

Par cette énumération, on aura vu qu'il y a beaucoup de proximités entre les fascismes et les «communismes» dérivés de l'idéologie léniniste, qui ne sont pas vraiment, selon moi, des communismes: les dogmes et l'organistation des partis d'inspiration léniniste s'écartent beaucoup des propositions des idéologues dont ils se revendiquent (Marx et Engels principalement) et encore plus bien sûr avec l'inflexion donnée au «soviétisme» sous Staline. Je crois que le concept de «totalitarisme»


[1] Les temps changent: début 2006, date où j'ai commencé ce texte, de Villiers n'était plus considéré, comme il le fut de 1998 à 2001, dans la catégorie «extrême-droite»; en 2007, la disparition du MNR de Bruno Mégret et le net tassement du FN ont fait que les médias l'ont remis dans cette case, non parce que son discours se radicalisait mais pour «gonfler le score» de cette extrême-droite, qui ne faisait plus suffisamment figure d'épouvantail, en régressant à moins de 14% d'intentions de vote pour la présidentielle.